Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/107

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on ne peut plus comique d’un de ces tournois du dimanche, dont le héros est un notaire de soixante-dix ans. Le vénérable paladin part pour Peretola, où l’on peut rompre des lances à bon marché ; il est juché sur un cheval de teinturier qu’il a loué pour la circonstance, et auquel de mauvais plaisants viennent attacher un chardon sous la queue ; l’animal prend le mors aux dents et retourne en ville au galop, avec son cavalier casqué et cuirassé, qui rapporte maint souvenir cuisant de cette course folle. L’inévitable conclusion de l’histoire est la semonce qu’administre au jouteur sa femme, justement irritée de ces scabreuses expéditions [1].

Enfin les premiers Médicis professent une véritable passion pour les tournois, comme s’ils voulaient montrer, eux, simples particuliers sans naissance, que leur cercle d’amis et de familiers est à la hauteur des cours les plus brillantes [2]. Déjà sous Côme {1459), puis sous Pierre

  1. Quoi qu’il en soit, c’est une des plus anciennes parodies des tournois. Ce ne fut pourtant que soixante ans après que Jacques Cœur, y argentier de Charles VII, fit sculpter sur la façade de son palais de Bourges un tournoi où les cheraui étaient remplacés par des ânes (vers 1450). Ce qu’il y a de plus brillant dans ce genre, le deuxième chant de VOrlandino que nous venons de citer, n’a été publié qu’en 1526
  2. Comp. les poëmes de Politien et de Luca Pulci, déjà mentionnés, avec des passages antérieurs, p. 84, note 1. De plus, Paul Jov., Vita Leoms X, I. I. — Macchiav., Storie forent., |. VII. — Pauli Jov, Elogia, p, 187 ss. et 332 ss., à propos de Pierre de Médicis, à qui les tournois et les exercices chevaleresques firent négliger ses fonctions, et de Franc. Barbouius, qui périt dans un de ces jeux dangereux. — Vasari, IX, 219, v. di Granacci. — Dans le Morgante de Pulci, qui fut composé sous les yeux de Laurent, les chevaliers sont souvent comiques dans leurs paroles et dans leurs actions, mais leurs coups sont sérieux et conformes aux règles de l’art. Bojardo écrit aussi pour les vrais connaisseurs en matière de tournois et de guerre ; comp. p. 51, — Voir dans l’histoire des premiers temps de Florence un tournoi en l’honneur du roi de France (vers 1380). Leon. Aret. Hist. Flor., lib. XI, ed. Argent., p. 222, — Tournois à Ferrare en 1464, Diario Ferrar.,