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CHAPITRE III
DÉCOUVERTE DE LA BEAUTÉ DE LA NATURE.

Non contents d’étudier et de connaitre la nature, les Italiens ont su Tadmirer. Ils sont les premiers des modernes qui aient vu dans un paysage un objet plus ou moins beau et qui aient trouvé du plaisir à regarder un site pittoresque[1].

Cette faculté est toujours le résultat d’une culture laborieuse et compliquée ; il est difficile de remonter jusqu’à son origine, vu qu’un sentiment de cette espèce peut exister longtemps à l’état latent, avant qu’il se révèle dans la poésie et dans la peinture, et que par là il arrive à avoir conscience de lui-même. Chez les anciens, par exemple, l’art et la poésie avaient épuisé tout ce qui se rapporte à la vie de l’homme, avant d’aborder la description de la nature ; celle-ci ne forma jamais qu’un genre restreint, bien que depuis Homère on trouve une foule de mots et de vers qui attestent la profonde impression que la nature faisait sur les Grecs et les Romains. Les races germaniques, qui fondèrent leur dominatiou sur le solde l’empire romain, étaient, par ce fait même, nées pour comprendre et pour aimer la nature ; le christianisme les força de renier pour un temps les fausses

  1. Il est à peine nécessaire de renvoyer au passage célèbre où Humboldt traite cette question. (Cosmos, t. II.)