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CHAPITRE PREMIER. — LA MORALITÉ. 203

neur*. » Malheureusement, quand on est capable de faire une pareille distinction, on est bien près de se donner tout entière !

L’iaMélité de la femme est regardée comme légitime quand elle est provoquée par celle du mari. La femme dont rindividualité a été développée considère la violation du devoir conjugal par le mari non pas seulement comme la cause d’une blessure douloureuse, mais encore comme un affront, comme une tromperie humiliante pour elle, et dès lors elle tire de son époux la vengeance qu’il a méritée, et cela froidement, sans passion. La mesure du châtiment à infliger est une question qu’il appartient à son tact de décider. L’offense la plus grave peut, par exemple, éire suivie de la réconcilialion et ne pas nuire à la paix future du ménage, si elle reste tout à fait secrète. Les nouveliistos, qui sont pourtant au courant de cette sorte de scandales ou qui en inventent en s’inspirant de l’esprit de leur époque, s’extasient quand la vengeance est parfaitement proportionnée à l’outrage, quand elle est savante. Il est bien entendu qu’au fond le mari ne reconnaît jamais cette loi du talion, et qu’il ue consent â la subir que par peur ou par des raisons de prudence. Quand il n’est pas guidé par des considérations de ce genre, quand, à la suite de l’iafidélité de sa femme, il se sent menacé de devenir 1a risée des tiers, iaveulure tourne au tragique. Il n’est pas rare alors de voir la femme coupable devenir la victime d’iiae vengeance sanglante. Ce qui est caractéristique au plus haut point, c’est qu’outre le mari, les frères* et ie père de la femme

  • Giraldf, Hecaîommithi, III, nov. 2. — On trouve des idées tout

â fait semblables dans Coriigxmo, |, IV, fol. 180. » On trouve l’exemple de la vengeance tnonstrueuse d’un frère (Pérouse, 1455] dans la chronique de Graziani, ârck. XVI, i, p. 639. Le frère force l’amant à çr&ver les yeux à sa sœur, etta