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qui combla celte lacune. Elle se basait sur la position des planètes à un moment donné, et sur leur éloignement par rapport aux signes du zodiaque, pour deviner les événements futurs et même le cours d’une existence entière, et elle déterminait ainsi les résolutions les plus graves, il est possible que dans bien des cas la conduite dictée par les astres n’ait pas été moins morale que celle qu’on aurait tenue sans cette influence, mais très-souvent elle a dû être décidée dans un sens contraire à la conscience et à riionneur. Chose étrange et instructive à la fois, longtemps la culture et les lumières furent impuissantes contre cette aberration de l’esprit, et cela parce qu’elle trouvait son appui dans une imagination sans règle, dans l’ardent désir de connaître d’avance ravenir, et parce qu’elle avait pour elle l’aulorité de l’exemple des anciens.

Au treizième siècle, l’asirologie prend tout à coup une place considérable dans la vie italienne. L’empereur Frédéric Il est suivi partout de son astrologue Théodore, et Ezzelino da Romano ’ a toute une cour d’astrologues, qu’il paye largement ; dans le nombre se trouvent le célèbre Guido Bonalto et le Sarrazin à longue barbe, Paul de Bagdad. Dès qu’il méditait une entreprise importante, ils étaient obligés de lui indiquer le jour et l’heure favorables ; les innombrables cruautés qu’il a fait commettre ont dû être souvent la conséquence de leurs prédictions. A partir de ce moment, personne n’hésite plus 1 Monack, Paduan., 1, II, dans Urstisil’S, Scriptoret, I, p. 598, 599, 60i, 607. — Le dernier Visconti était aussi entouré (t. I, p. 47 ss.) d’un grand nombre d’astrologues ; il n’entreprenait rien sans leur avoir demandé conseil ; parmi eux se trouvait un .luif nommé Éiias. Gasparino daBarzizzi lui dit un jour : Magna pi astrorumforlufio luat res reget. G- B- Opéra, ed. FuriettO, p. 38 Comp, Decembrio, dans MuAATom, XX, col. 1017.