Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/337

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CHAP. IV. — MÉLANGE DE SUPERSTITIONS ANTIQUES, ETC. 333 que trop réaliséesOn apprend aus ?i à celle occasion comment les gens menacés par ces prédictions et par d’autres semblables se vengeaient des prophètes ; Giovanni Bentivoglio fit attacher Lucas Gauricus à une corde fixée au haut d’un grand escalier tournant, et le fit jeter cinq fois contre les murs, parce que Lucas lui avait prédit qu’il perdrait son trône* ; Hermès Bentivoglio stipendia un sicaire pour assassiner Code, parce que le malheureux métoposcope lui avait annoncé, même à son corps défendant, qu’il serait banni et qu’il périrait dans une bataille. En présence de sa victime mourante, le meurtrier disait encore en ricanant, paraît-il, que le devin lui avait prédit lui-même qu’il mourrait prochainement d’une mort ignominieuse. — Une tout aussi triste fin fut celle d’Autioco Tiberto de Césène >, le créateur de la chiromancie, qui périt sur l’ordre de Pandolplic Malatesta de Rimini, à qui il avait prédit le sort le plus cruel que puisse imaginer un tyran ; la misère la plus affreuse et la mort sur la terre d’exil. Tiberto était un homme d’une haute intelligence, qui, disait-on, prédisait l’avenir moins d’après les règles d’une méthode chiromantique que d’après la profonde connaissance qu’il avait des hommes ; aussi était-il considéré à cause de sa haute culture, même par les savants qui ne faisaient nul cas de sa science divinatoire^. 1 G*est le collectionneur de portraits passionné qu’on entend parler ici.

  • Et cela d’après les étoiles, car Gauricus ignorait la physiognomonie ;

pour sa propre destinée, il était obligé de s’en rapporter à la prédiction de Code, parce que son père avait négligé de prendre note de son horoscope.

  • Paul. JOT., hc cit., p. 100 SS., s. V. Tihertut.
  • On trouve les détails indispensables â connaître sur ces

genres de divinations secondaires dans Corn. Acrippa, De occulta philosophia, cap, LVII.