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CHAPITRE V
AFFAIBLISSEMENT DE LA FOI EN GÉNÉRAL

À ces superstitions aussi bien qu’aux idées de l‘antiquité en général se rattache étroitement l’affaiblissement de la croyance à l’immortalilé de l‘âme [1]. En outre, cette question a joué un rôle encore bien plus considérable et bien plus actif dans l’histoire du développement de l’esprit moderne dans son ensemble.

Une des principales causes de la négation de l‘immortalité de l’âme a été d’abord le désir de ne plus rien devoir à l’Église, devenue un objet de haine. Nous avons vu (p. 274 ss.) que l’Église donnait le nom d’épicuriens à ceux qui étnieat animés de sentiments hostiles à son égard. Plus d'un indifférent peut avoir demandé les derniers sacrements à l’heure de la mort ; mais combien d’hommes sont restés ennemis de l’Église pendant toute leur vie, surtout pendant leurs années les plus actives ! Il est évident que chez un grand nombre d’individus ce

  1. Si nous avions à faire l‘histoire de l'incrédulité italienne il faudrait aussi rappeler l’averroïsme, qui régnait en Italie, et surtout à Venise, vers le milieu du quatorzième siècle, et qui était combattu par Boccace et par Pétrarque dans des lettres et par ce dernier aussi dans l'écrit : De sut tpsius et aitorutn iÿnoraf>tta il est possible que la colère de Pétrarque ait été entretenue pa des exagérations et des malentendus ; toujours est-il qu’il était convaincu d’une manière générale que les averroïstes tournaient en ridicule la religion chrétienne et même la rejetaient.