Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/30

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avait la moindre attention ; et ayant précédemment remarqué ses fréquentes visites chez le doyen, elle avait conçu une haine toute particulière pour Cécile, qui s’en étant apperçue, et n’en pouvant deviner ni connaître la cause, avait pris soin d’éviter d’avoir avec elle d’autres liaisons que celles que la bienséance et le voisinage exigeaient, se contentant de plaindre en secret le triste sort de son ami.

La compagnie qui se trouvait alors chez M. Monckton était composée d’une femme et de plusieurs hommes. La femme (mademoiselle Bennet) était, dans toute l’étendue du terme, l’humble compagne de milady Marguerite. D’une naissance obscure, mal élevée, l’ame basse, aussi peu sensible au mérite naturel qu’aux talents acquis, elle avait cependant fait de grands progrès dans l’art de flatter, et en connaissait toutes les petites ruses. N’ayant d’autre but que celui de se procurer, sans travail, une sorte d’aisance dans le monde, elle était devenue peu à peu l’esclave de