Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/157

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de M. Harrel. Il la quitta enchanté du pouvoir qu’il avait sur son esprit, et se félicitant d’avance du bonheur qu’il aurait de la voir aussi souvent qu’il le voudrait pendant l’absence de la famille Harrel.

Le lendemain, au moment du déjeûner et lorsque M. et madame Harrel s’y trouvaient, elle dit qu’elle se proposait de passer les fêtes de pâques à Londres. D’abord M. Harrel se contenta de rire de ce projet, et de la railler sur son goût pour la solitude ; mais lorsqu’il vit qu’elle parlait sérieusement, il pria madame Harrel de joindre ses prières aux siennes. Elle fit ce qu’il desirait ; il est vrai que ce fut avec tant de froideur, que Cécile s’apperçut bientôt qu’elle n’avait aucune envie de réussir. Elle vit avec peine combien elle s’intéressait peu à elle, et que non-seulement leur ancienne intimité s’était changée en une parfaite indifférence, mais encore que depuis qu’elle avait voulu l’engager à borner sa dépense et à vivre plus retirée, elle ne la regardait que comme un censeur fâcheux et sévère.