Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/139

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qu’il y aurait de la trahison à l’arracher à une retraite, qu’elle lui avait elle-même conseillée, à l’exposer volontairement à des supplications, desquelles, s’il y prêtait l’oreille, il pourrait s’ensuivre sa ruine totale, elle ne put se résoudre à le rappeler. Quoi ! vous pourriez, miss Beverley, avoir la cruauté de vous rétracter ? Non, ma pauvre Priscille, répondit Cécile : je ne saurais vous manquer aussi cruellement ; mais personne que moi ne sera victime de ma pitié… Je ne veux point envoyer chercher M. Arnott… Ce sera moi qui vous donnerai cet argent. Puisse-t-il servir à l’usage pour lequel je le donne, vous rendre l’affection de votre mari, et votre première tranquillité !

Celle-ci, prenant à peine le temps de la remercier, courut porter cette nouvelle à M. Harrel, qui dit simplement qu’il en était bien aise, et courut lui-même chercher le juif qui devait prêter cet argent. Tout fut bientôt arrangé : Cécile n’eut pas le temps de se rétracter ; et ils n’eurent pas assez de délicatesse pour