Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/173

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guerais une charrue, et il serait mieux partagé que je ne l’ai été par mes parents. L’oisiveté a causé ma perte ; le défaut d’état a été la source de mes vices. Une femme prudente et économe m’aurait peut-être corrigé… La mienne, je le lui pardonne, ne l’a pas même essayé ; détachée de ma personne et de mes intérêts, elle n’a pensé qu’à ses plaisirs. La scène que je lui prépare cette nuit sera terrible ; qu’elle y réfléchisse, et en fasse son profit.

» Si l’on plaint mon sort, si je dois m’attendre à quelque pitié, c’est de la part de ceux dont je l’ai moins méritée ; monsieur Arnott, miss Beverley, ce sera de vous ! J’avoue qu’avant d’en venir à cette extrêmité, il m’a fallu bien des efforts ; non que j’aye craint la mort ; au contraire, je la souhaitais depuis long-temps ; le chagrin et la honte avaient empoisonné mes jours ; mais il existe un je ne sais quoi au-dedans de moi, qui me cause le plus grand effroi..... qui m’interroge, et