Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/193

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que Delvile l’eût écrite ? elle ne pouvait pas en aimer deux. L’ingénuité de son caractère ne lui permettait pas de cacher que Delvile l’était tendrement. Pourquoi lui aurait-il écrit ? que pouvait-il prétendre ? Elle avait plus de peine qu’auparavant à croire qu’il en fût amoureux, puisque la conduite qu’il avait tenue en dernier lieu avec elle, quoiqu’embarrassée, démontrait au moins un penchant qui ne pouvait s’accorder avec la passion qu’il aurait eue pour miss Belfield. Que devait-elle donc en conclure ? qu’il l’avait trompée, uniquement par vanité. Et s’il en est ainsi, s’écria-t-elle, s’il cache tant de noirceur et de bassesse sous des dehors si nobles ; si la vanité ou l’ambition seule l’engage à me rendre des soins, avertie comme je le suis, me laisserais-je éblouir facilement, deviendrais-je aussi sa dupe ? Non, il faut que j’aye des preuves plus convaincantes de la droiture de sa conduite, avant que je lui accorde la moindre confiance ; je chercherai à découvrir quelles peuvent avoir