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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/202

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extraordinaire ; elle ne croyait pas que cette conduite pût être l’effet du hasard. Le soin qu’il prenait de l’éviter avait l’air prémédité ; et quoique bien des gens eussent pu s’y tromper, mille circonstances lui persuadaient le contraire, et lui faisaient voir clairement que c’était la suite d’une résolution formée. Elle apprit que, pendant leur séjour à la campagne, jamais ses parents ne l’avaient moins vu qu’alors ; ils se plaignaient continuellement de ses fréquentes absences, et témoignaient la plus grande surprise de sa nouvelle manière de vivre ; ils ne savaient quelles pouvaient être les occupations qui prenaient tout son temps. Si le cœur de Cécile eût été indifférent, elle aurait joui d’une tranquillité parfaite. Delvile, loin de faire paraître le moindre dessein de lui plaire, évitait même d’avoir l’air de songer à elle, et fuyait tout entretien particulier. S’il la voyait se préparer dans la soirée à faire une promenade, il ne manquait jamais de rester à la maison ; si sa mère était avec elle, et l’invitait à les joindre,