Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/57

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simple, ingénue et affectueuse, l’esprit droit, et beaucoup d’intelligence, quoiqu’on n’eût pris aucun soin de le cultiver ; d’un caractère doux, quoique vif, la bonté naturelle de son cœur semblait suppléer aux lumières qui lui manquaient. Elle fit part à Cécile de toutes les affaires de sa famille, ne lui cachant ni ses faiblesses, ni ses malheurs, et ne cherchant à pallier que les défauts les plus choquants de sa mère. Elle paraissait même disposée à lui révéler ses secrets les plus cachés ; et il était évident qu’elle en avait ; ce qu’elle manifestait par des distractions fréquentes et par l’inquiétude qu’elle laissait appercevoir. Cécile cependant, dans la situation critique où son esprit se trouvait alors, ne s’empressa guère à faire des questions qui auraient pu lui développer la cause de cette inquiétude ; elle évitait soigneusement toute conversation qui, en réveillant sa tendresse, aurait pu lui causer la moindre émotion.

Pendant que Cécile remplissait ainsi ses loisirs d’une manière qui, sans être bien