Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/68

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pour le moment ses propres intérêts, l’embrassa tendrement, sans cesser de garder le silence, craignant de la questionner, et redoutant d’entrer en explication. Mademoiselle Belfield, touchée de ses bontés, la serra dans ses bras ; et cachant son visage dans son sein, s’écria en sanglottant : Peut-on être malheureuse lorsqu’on est aimée de vous ! S’il m’était possible, vous seriez la seule personne au monde que j’aimerais. Permettez dans ce moment que je vous quitte et demain je vous instruirai de tout ce qui me regarde. Cécile, qui ne desirait point de la retenir, l’embrassa de nouveau, et la laissa partir.

Après son départ, elle demeura quelque temps interdite. La pureté de son cœur et la justesse de son discernement l’avaient préservée jusqu’à ce moment d’erreur et de blâme. La scène était prodigieusement changée ; elle se trouvait tout-à-coup dans une conjoncture très-délicate ; le hasard venait de lui faire découvrir une rivale dans sa meilleure amie. Son attachement pour made-