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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/70

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une pareille confidence. Elle était certaine que cette jeune personne ignorait qu’elle y eût un si grand intérêt, puisqu’elle n’avait pas même imaginé qu’elle connût Delvile. Elle avait donc droit, non-seulement à des conseils, mais même à de bons offices de sa part. Ne serait-ce pas une espèce de trahison que de savoir tout d’elle sans l’aider en rien ? de se prévaloir de sa confiance pour en apprendre tout ce qui avait quelque rapport à un homme qu’elle se flattait un jour devoir être son époux, et satisfaire une curiosité intéressée aux dépens d’une bonne foi, d’une simplicité et d’une candeur aussi rares que précieuses ? Non, s’écria Cécile, jamais je n’emploierai des artifices que j’ai toujours détestés ; cette tendre, cette charmante fille ne me dira rien ; trahie déjà par sa trop grande confiance et son trop de facilité, mon cœur n’en abusera pas, et elle ne sera point dupe de sa franchise. Elle résolut donc d’éviter soigneusement de s’entretenir sur ce sujet, puisqu’elle ne pouvait lui donner de con-