Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/102

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nement et de crainte, elle s’arrêta tout-à-coup d’un air effrayé, et s’appuya contre la porte, ne se sentant pas la force de recevoir une visite qu’elle n’avait ni désirée ni prévue, et que la faute qu’elle croyait avoir commise lui rendait redoutable.

Madame Delvile lui adressant la parole avec beaucoup de réserve et une politesse froide, lui dit : Je crains de vous avoir surprise. Je suis fâchée de n’avoir pas eu le temps de vous prévenir de mon arrivée. Cécile s’avançant, lui répondit d’une voix faible : Je ne saurais, madame, qu’être fort honorée de vos visites dans tous les temps. Après cela, elles s’assirent, madame Delvile conservant son air froid et sérieux, et Cécile faisant tous ses efforts pour cacher des craintes qu’elle ne pouvait vaincre.

Après un silence qui n’annonçait rien d’agréable : mon intention, dit madame Delvile, n’est point de vous inquiéter ; je ne veux pas vous tenir plus long-temps en suspens sur le but de ma visite. Je ne viens point ici pour vous faire des questions, pour mettre votre sincérité à l’épreuve, ni