Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/110

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savait cependant si elle devait se prêter à ses vues ou refuser de les seconder.

Je viens donc, reprit gravement madame Delvile, vous trouver au nom de M. Delvile, et de toute une famille aussi ancienne qu’honorable. Regardez-moi comme la représentant ; elle vous exprime par ma bouche ses craintes et ses espérances. Mon fils, le soutien de notre maison, le seul de son nom, et l’unique héritier de nos fortunes, vous a choisie, nous le savons, pour l’objet de ses vœux ; il vous est tellement attaché, qu’il renoncerait plutôt à nous qu’à la passion que vous lui avez inspirée. Ce n’est donc qu’à vous seule que nous pouvons avoir recours, et je viens pour… Arrêtez, madame, arrêtez ! interrompit Cécile, dont le ressentiment ranimait le courage, je sais d’avance ce que vous voulez dire : vous venez pour me témoigner votre mépris, pour me reprocher ma présomption, pour m’accabler de vos dédains. Cette démarche était peu nécessaire ; je me suis déjà condamnée moi-même ; épargnez-moi cette dure humiliation, et ne me