Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/164

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tion et vos sentiments ont éprouvé ? — La pauvre fille ! non. Elle et sa malheureuse mère n’ont que trop long-temps souffert de mon inconstance et de mes malheurs. Actuellement même, elles sacrifieraient encore tout ce qu’elles possèdent pour me mettre en état de recommencer les épreuves dont j’ai si souvent été la dupe ; mais c’est assez abuser de leur affection : je ne veux plus qu’elles soient les esclaves de mes fantaisies, ni les dupes de mes espérances. Je leur ai mandé que j’étais heureux ; je ne leur ai point encore dit où et comment. Je crains leur affliction, lorsqu’elles se verront trompées dans leur attente ; c’est pourquoi je veux leur cacher pendant quelque temps ma situation, qu’elles croiraient désagréable.

Ne l’est-elle point en effet ? dit Cécile ; le travail et la peine sont-ils donc si doux ? et pouvez-vous sérieusement tirer votre félicité de ce que les autres regardent comme un malheur ? Ils ne sont point agréables, répondit-il, par eux-mêmes, mais par leurs effets. En travaillant, j’ou-