Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/80

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porter les dames arrivèrent, Cécile trembla, et parut balancer. La grandeur de l’entreprise, dont allait dépendre son bonheur, le secret qu’elle ne gardait qu’à regret, les reproches de madame Delvile auxquels elles s’attendait, le peu de délicatesse de la démarche qu’elle était sur le point de faire, toutes ces considérations la tourmentaient si cruellement, qu’au moment où l’on vint l’avertir qu’il était temps de partir, sa fermeté chancela de nouveau, et elle aurait presque souhaité n’avoir jamais connu Delvile. Elle différa encore pour se livrer toute entière à ses tristes réflexions.

La bonne madame Charlton essaya en vain de la rassurer ; une horreur soudaine s’était emparée de ses esprits épuisés par de longs combats. L’inquiétude qu’avait éprouvée Delvile en voyant qu’elle n’arrivait point à l’heure convenue, fit place à l’étonnement, et il la surprit dans cette situation. Il lui en demanda la cause avec autant de crainte que de tendresse. Ah ! mon cher Delvile, s’écria-t-elle en soupirant,