Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/203

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gardé le manque d’argent comme un inconvénient auquel je ne risquais guères d’être exposée. Mon patrimoine me paraissait presque inutile puisque les revenus de mon oncle étaient par eux-mêmes assez considérables pour assurer ma félicité… Si j’avais prévu cet événement !… Auriez-vous donc alors prêté l’oreille à ma proposition romanesque ? — Ah ! Delvile, ne voyez-vous pas clairement qu’il m’aurait été impossible de balancer un instant à l’accepter ? — Eh bien, ô la plus généreuse des femmes, soyez encore à moi ! Par notre économie nous nous mettrons en état d’acquitter ce qui est dû sur vos terres ; et en vivant quelque temps dans le pays étranger, nous parviendrons à les liquider. Je continuerai à porter un nom que ma famille idolâtre, et ma gratitude pour tant de condescendance effacera de votre mémoire ce qu’elle vous aura fait perdre.

Cessez de me tenir ce langage, s’écria Cécile en se levant subitement : vos parents ne pourront jamais l’entendre, et