Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je devais abhorrer encore plus que tout le reste.

Lorsque j’eus recueilli ma fortune, enivré de mon opulence, j’oubliai cette jeune plante ; je me livrai tout entier à la débauche, au vice, et l’abandonnai sans secours à sa malheureuse destinée. Les excès succédaient aux excès jusqu’au moment où la fièvre, suite de mon intempérance, me donna le temps de faire des réflexions. Elle fut vengée ; ce fut alors pour la première fois que les remords devinrent mon partage : son image se présenta de nouveau à mon esprit, ranima ma passion, et m’inspira le plus vif repentir. Dès que je fus guéri, je repris la route d’Angleterre : au moment de mon arrivée, je courus la chercher… Mais elle était perdue ; personne ne savait ce qu’elle était devenue. Le malheureux à qui je l’avais confiée prétendit en être moins informé que personne ; cependant, après de longues et pénibles recherches, je la découvris dans une chaumière, où lui-même l’avait reléguée. Lorsqu’elle