Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se préparait à lui faire un plus long détail de leurs affaires ; mais trop ému pour pouvoir l’entendre, Delvile l’avait brusquement quitté, et était allé directement chez madame Belfield.

Le plaisir qu’il avait ressenti en apprenant que Cécile était si près de lui, était troublé par l’inquiétude que lui causait un voyage dont il ne pouvait concevoir le motif. Elle ne lui en avait jamais fait mention dans ses lettres… et il ne l’apprenait que par accident… Il était dix heures du soir… et à cette heure elle se trouvait chez Belfield… quoique sa sœur fût absente… quoique la mère lui déplût infiniment. Dans ce moment, tout ce qu’il avait autrefois ouï dire, lui revint dans l’esprit ; il soupçonna qu’il avait été abusé, et que son père avait eu raison. Ce soupçon fut un coup de poignard pour lui ; en vain il avait cherché à l’éloigner de son esprit ; en vain l’amour et la raison s’accordaient à défendre l’innocence de Cécile. Il était entré chez Belfield dans la plus violente agitation,