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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

vêtements de couleur jaune, a quitté sa maison avec une foi parfaite pour entrer dans la vie religieuse, et qui est parvenu à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, c’est là, ô chef des marchands, celui que l’on appelle le Buddha. — Dans quel endroit, seigneurs, se trouve-t-il maintenant ? — À Çrâvastî, chef des marchands, dans le bois de Djêtavana, dans le jardin d’Anâtha piṇḍika.

Pûrna ayant gravé ces paroles en son cœur, navigua sur le grand Océan avec ces hommes de Çrâvastî, et revint en ramenant son vaisseau sain et sauf. Son frère Bhavila fit alors cette réflexion : Pûrna est fatigué de voyager sur le grand Océan ; il faut qu’il se marie. Il lui dit donc : Dis-moi, mon frère, de quel homme riche, ou de quel chef de marchands demanderai-je pour toi la fille ? Je ne désire pas les plaisirs des sens, reprit Pûrna ; mais si tu me donnes ton autorisation, j’embrasserai la vie religieuse. Comment ? reprend Bhavila, quand il n’y avait rien dans la maison, tu n’as pas songé à embrasser la vie religieuse ; pourquoi y entrerais-tu aujourd’hui [que nous sommes riches] ? Cela ne me convenait pas alors, dit Pûrna ; maintenant cela me paraît bien. Bhavila voyant par là que sa résolution était inébranlable, lui donna son autorisation. Pûrna lui dit alors : Mon frère, le grand Océan a beaucoup de misères et peu de douceurs ; beaucoup s’y embarquent, mais peu en reviennent ; ne t’y embarque jamais, sous aucun prétexte. Tu as de grandes richesses qui ont été gagnées honnêtement ; mais la fortune de tes frères est du bien injustement acquis. S’ils viennent jamais à te dire : Vivons ensemble, il faut leur répondre : Non.

Après lui avoir donné ces conseils, il prit un serviteur et partit pour Çrâvastî. Quand il y fut arrivé, il s’arrêta dans le jardin et envoya son messager vers Anâtha piṇḍika le maître de maison. Le messager s’étant présenté devant le maître, lui dit : Pûrna le chef des marchands est dans le jardin, désireux de voir le maître de maison. Anâtha piṇḍika fit cette réflexion : C’est sans doute que, fatigué de ses expéditions maritimes, il fait maintenant des voyages de terre. Puis il demanda au messager : Combien est considérable la cargaison qu’il a apportée ? Il s’agit bien de marchandises ! Il est venu seul avec moi, qui suis son serviteur. Anâtha piṇḍika fit alors cette réflexion : Il ne serait pas bien à moi de ne pas recevoir dans ma maison, avec les honneurs de l’hospitalité, un homme de cette importance. Pûrna fut donc introduit avec une grande pompe ; on le parfuma, on lui donna le bain, on lui offrit un repas. Pendant qu’ils s’entretenaient d’agréables propos, Anâtha piṇḍika fit à Pûrna la question suivante : Chef des marchands, quel est l’objet de ton voyage ? — J’ai désiré subitement, ô maître de maison, embrasser la vie religieuse sous la discipline de la Loi qui est bien renommée ; je désire l’investiture et le rang de Religieux. Alors Anâtha piṇḍika le maître de maison, redressant la partie supérieure de son corps, éten-