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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


refusés aux véritables Religieux ; mais ces avantages, qui ne devaient se réaliser qu’au delà de la vie présente, ne constituaient pas des grades faits pour donner un rang dans la hiérarchie. Le seul titre de ce genre est celui d’Arhat ou vénérable, qui désignait un Religieux très-supérieur aux autres Bhikchus et par son savoir, et par ses facultés surnaturelles. De sorte qu’au fond, et sauf les synonymes et les nuances légères signalées tout à l’heure, il n’y avait dans l’Assemblée des vrais Auditeurs de Çâkya que deux ordres, les Bhikchus ou Religieux ordinaires, et les Arhats ou Religieux supérieurs. Le fondateur du Buddhisme avait lui-même deux de ces titres, celui de simple ascète, Çramaṇa, qui est presque synonyme de Bhikchu, et celui d’Arhat.

Il ne serait pas facile d’entrer dans de plus grands détails sur les traités où l’on trouve indiqués quelques-uns des points de la Discipline religieuse ; j’ai montré que sous ce rapport la collection népalaise n’est pas aussi riche que cela serait nécessaire pour qu’on pût présenter le tableau complet de la Discipline. Les préceptes du Vinaya sont en effet mêlés au récit des actions de ceux dont la conduite paraît à Çâkyamuni digne d’éloge ou de blâme ; ils ne se présentent qu’incidemment, souvent d’une manière très-concise, et sous forme d’allusion à des règlements déjà pratiqués ou au moins connus. Ils portent sur le vêtement, sur la nourriture, sur les heures et le nombre des repas, sur le soin à prendre du Vihâra, sur les règles à suivre pour l’admission d’un Religieux, sujet important et qui est, comme on doit s’y attendre, traité d’une manière détaillée dans beaucoup de légendes. J’hésite d’autant moins à m’abstenir de plus amples détails sur ces sujets si divers, que l’excellente analyse du Dul-va qu’a donnée Csoma de Cörös fait connaître en général ce qu’il y a de plus curieux dans cette partie de la collection tibétaine, laquelle est, ainsi que j’ai pu m’en convaincre, composée de traductions faites sur des textes sanscrits dont quelques-uns sont entre nos mains[1]. J’ai déjà parlé des Avadânas de Pûrṇa et de Sam̃gha rakchita ; j’ai donné la plus grande partie du Prâtihârya sûtra, qui est tiré de la collection des anciennes légendes, intitulée Divya avadâna, et je suis certain que si nous possédions tout ce qui existe ou a existé au Népal de textes sanscrits, nous en retrouverions la traduction dans le Dul-va tibétain. On peut donc, en ce qui touche la Discipline, combler, à l’aide des treize premiers volumes du Kah-gyur, les lacunes qu’offre la collection des livres religieux du Népâl.

Il importe cependant de signaler ici une institution remarquable, qui appar-

  1. Analys. of the Dul-va, dans Asiat. Res., t. XX, p. 43 sqq., et dans Journ. of the Asiat. Soc. of Bengal, t. I, p. 1 sqq.