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DU BOUDDHISME INDIEN.

qui nous occupe y est traduit Phyag-dar-khrod-pa, « ce qui se trouve au milieu des ordures, » suivant Schröter[1], et plus exactement, « tas d’ordures. » C’est, à vrai dire, la traduction de pâm̃çukûla, sans la forme adjective que prend ce terme dans la liste du Vocabulaire pentaglotte. Le nom du vêtement fait de haillons trouvés dans les ordures est en tibétain Phyag-dar-khrod-kyi gos, littéralement « vêtement des tas d’ordures[2]. »

Le second article est régulièrement écrit Trâitchivarikaḥ  ; il signifie « celui qui a trois vêtements. » C’est, comme le terme précédent, un adjectif ; il est dérivé de Tritchîvara, « les trois vêtements. » Cet article est aussi le second dans la liste singhalaise : il y est naturellement écrit sous la forme pâlie de tetchîvarikangga ; cette différence d’orthographe montre suffisamment que le Vocabulaire pentaglotte a été rédigé sur des originaux sanscrits, comme j’ai essayé de l’établir il y a déjà longtemps[3]. Il répond à la huitième injonction du traité chinois, qui ordonne aux Religieux de ne posséder à la fois que trois vêtements. Ici encore la portion tibétaine du Vocabulaire pentaglotte traduit exactement le sanscrit : Tchhos-gos-gsum-pa, « celui qui a les trois vêtements religieux. »

Le troisième article est écrit Nâmatikaḥ ; ce titre est certainement altéré, et tel qu’il est ici, il n’offre aucun sens. Dans la version tibétaine je trouve Phyingba-tchan, ce qui signifie « celui qui a un feutre ou une couverture de laine. » Pour reconnaître ce sens dans le titre sanscrit, il faudrait le lire kâmbalikah ; mais je n’oserais pas, sans plus de preuves, substituer cette leçon à l’orthographe de nâmatikaḥ, dont elle est trop éloignée. Il n’en est pas moins vrai que les Religieux buddhistes sont obligés à porter un manteau de laine d’un jaune foncé, et il est évident que les interprètes tibétains ont pensé que le présent article était relatif à cette injonction. Mais je n’en trouve pas la moindre trace dans la liste singhalaise ; il n’y est question ni de ce vêtement de laine, ni de la couleur qu’il doit avoir.

Le quatrième article est écrit Peṇḍapâtikaḥ ; c’est Piṇḍapâtikaḥ qu’il faut lire ; ce terme signifie « celui qui vit d’aumônes, » et c’est bien ainsi que l’in-

    vont suivre ; il a bien voulu l’extraire pour moi du Vocabulaire pentaglotte, qui n’était pas à ma disposition. Je ne veux pas cependant le rendre responsable des interprétations que j’en propose, et qu’il a mieux que personne le moyen de rectifier.

  1. Bhotanta Diction., p. 191, col. 1.
  2. Je trouve un exemple très-clair des trois premiers monosyllabes de ce composé dans la version tibétaine du Prâtihârya sûtra, qui a été traduit plus haut (Sect. II, p. 154), Dehi phyagdar-khrod-pa de-dag bkhrus-nas, ce qui représente exactement l’expression sanscrite : Tasya pâm̃çukûlân dhâvayitvâ. (Dul-va, tom. da ou xi, fol. 35 b.)
  3. Dans une note insérée aux Mélanges asiatiques, t. I, p. 452 sqq.