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DU BUDDHISME INDIEN.


Vihâra reparut de nouveau, et avec lui les Religieux paisibles, et dans des postures calmes et décentes. Le respectable Sam̃gha rakchita se présenta devant eux et leur dit : Qui êtes-vous donc, respectables Religieux, et par suite de quelle action êtes-vous nés ici ? Respectable Sam̃gha rakchita, répondirent-ils, les hommes du Djambudvîpa sont difficiles à persuader ; tu ne vas pas nous croire. Je suis témoin oculaire, répondit-il, pourquoi ne vous croirais-je pas ? — Nous étions, ô respectable Sam̃gha rakchita, des Auditeurs de Kâçyapa, le Buddha parfaitement accompli. Un jour il arriva que l’Assemblée ayant reçu de l’huile, des Religieux survinrent tout d’un coup en qualité d’hôtes. Cédant alors à notre avarice, nous conçûmes la pensée de ne manger que quand ces nouveaux venus seraient partis, et nous fîmes comme nous avions projeté. Au bout de sept jours il survint un mauvais temps qui fit tourner notre riz et notre boisson. Quant à nous, parce que nous avions appliqué à notre usage ce que nous devions donner avec foi, nous sommes nés ici dans des Enfers qui se renouvellent chaque jour. Il est établi que quand la mort nous aura fait sortir de ce monde, il nous faudra renaître dans les régions infernales. C’est pourquoi, respectable Sam̃gha rakchita, il est bon que quand tu seras retourné dans le Djambudvîpa, tu annonces à ceux qui remplissent avec toi les devoirs de la vie religieuse : N’appliquez pas à votre usage ce que vous devez donner avec foi, de peur que vous n’éprouviez des douleurs et un désespoir semblable à celui auquel sont condamnés les Brâhmanes de Kâçyapa.

Sam̃gha rakchita quitta ces Religieux, et parvint à un troisième Vihâra, qui était muni de plates-formes et de siéges élevés, de balustrades, de fenêtres faites de treillage, d’œils-de-bœuf, et dans lequel les choses se passèrent comme dans les deux autres. Quand le respectable Sam̃gha rakchita eut mangé, il se retira à l’écart et s’assit. Au moment où le son de la plaque de métal que l’on frappe pour [appeler] les Religieux se fit entendre, le Vihâra prit feu, parut enflammé, devint la proie des flammes et fut consumé. Et les Religieux poussant des cris de douleur, furent dévorés par les flammes jusqu’à ce que vint le soir. Ensuite le Vihâra reparut de nouveau, et avec lui les Religieux paisibles, et dans des postures calmes et décentes. Le respectable Sam̃gha rakchita se présenta devant eux et leur dit : Qui êtes-vous donc, respectables Religieux, et par suite de quelle action êtes-vous nés ici ? Respectable Sam̃gha rakchita, répondirent-ils, les hommes du Djambudvîpa sont difficiles à persuader, tu ne nous croiras pas. Je suis témoin oculaire, répondit-il, pourquoi ne vous croirais-je pas ? — Nous étions, respectable Sam̃gha rakchita, des Auditeurs de Kâçyapa, le Buddha parfaitement accompli. Comme nous avions une mauvaise conduite, nous fûmes chassés par les Religieux qui en avaient une bonne. Nous allâmes