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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


[pour cela] la moindre réunion de qualités. Au bout d’un certain temps il tomba malade. Quand on lui eut donné des médicaments faits de racines, de tiges, de feuilles, de fleurs et de fruits, on vit qu’il était désespéré. Alors, à l’instant de sa mort, il se mit à prononcer la prière suivante : Puisque j’ai rempli, pendant toute la durée de mon existence, les devoirs de la vie religieuse sous le bienheureux Kâcyapa, le Buddha parfaitement accompli, qui est sans supérieur et qui est grandement digne d’hommages, sans avoir pu acquérir la moindre réunion de qualités, puissé-je, par l’effet de cette racine de vertu, entrer dans la vie religieuse sous l’enseignement de ce jeune Brâhmane nommé Uttara, auquel le bienheureux Kâçyapa, le Buddha parfaitement accompli, a prédit que dans l’avenir, quand la durée de l’existence des créatures serait de cent ans, il serait certainement un Buddha[1] ! Puissé-je arriver sous ce Buddha, par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, à voir face à face l’état d’Arhat !

Quelque temps après, ceux qui vivaient avec lui vinrent le trouver et lui dirent : As-tu, ô maître, acquis une réunion de qualités quelconque ? Aucune, répondit le malade. — Quelle prière alors as-tu adressée ? — Celle-ci et celle-là. Et nous aussi, ô maître, reprirent les Religieux, puissions-nous, après avoir recherché le maître en qualité d’ami vertueux, arriver, par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, à voir face à face l’état d’Arhat en présence du même bienheureux Buddha ! La foule de gens qui résidaient dans la capitale du district apprit que l’Ârya était tombé malade ; en conséquence tous vinrent le trouver et lui dirent : L’Ârya a-t-il acquis une réunion de qualités quelconque ? Aucune, répondit le malade. — Quelle prière alors a-t-il adressée ? — Celle-ci et celle-là. Et nous aussi, reprirent les habitants ; puissions-nous, après avoir recherché l’Ârya en qualité d’ami vertueux, arriver, par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, à voir face à face l’état d’Arhat !

« Maintenant, ô Religieux, comprenez-vous cela ? Celui qui remplissait les devoirs de serviteur, c’était le Religieux Sam̃gha rakchita lui-même. Les cinq cents personnes avec lesquelles il vivait, ce sont les cinq cents Rĭchis eux-mêmes. La foule de gens qui résidaient dans la capitale du district, ce sont les cinq cents marchands. Parce qu’il remplit alors les devoirs de serviteur de la Loi, le résultat de cette conduite a été qu’il est né dans une famille riche, fortunée, jouissant d’une grande fortune. Parce qu’il prononça au moment de sa mort la prière que j’ai rapportée, le résultat de cette action a été

  1. Cet Uttara n’est autre que Çâkyamuni lui-même dans une de ses anciennes existences ; il supposait qu’en vertu de sa puissance surnaturelle, il avait souvenir de son existence comme Brâhmane, dans le temps que Kâçyapa était Buddha.