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DU BUDDHISME INDIEN.

de la ville de Pâṭaliputtra un géant nu ; à la seconde porte, un second géant ; à la troisième, Râdhagupta, et lui-même se tint à la porte orientale. Râdhagupta dressa devant la porte orientale un éléphant fait de charpente ; et après avoir creusé une fosse de la grandeur du corps d’Açôka[1] et l’avoir remplie de charbon de bois de Khadira[2], il la recouvrit avec de l’herbe sur laquelle il répandit de la poussière. Il dit ensuite à Susîma : Si tu peux tuer Açôka, tu seras roi. Alors Susîma se dirigea vers la porte orientale en disant : Je combattrai contre Açôka. Mais il tomba dans la fosse pleine de charbons enflammés, et il y périt misérablement. Quand Susîma eut été ainsi mis à mort, son géant nommé Bhadrâyudha, accompagné d’une suite de plusieurs milliers d’hommes, entra dans la vie religieuse sous la loi de Bhagavat et devint Arhat.

Lorsque Açôka eut été placé sur le trône, ses ministres lui donnèrent des preuves de désobéissance. C’est pourquoi il leur dit : Faites couper les arbres à fleurs et les arbres fruitiers, et conservez les arbres à épines. Ses ministres lui dirent : À quoi pense le roi ? Il faut plutôt couper les arbres à épines, et conserver les arbres à fleurs et les arbres fruitiers. Trois fois ils résistèrent à l’ordre que leur donnait le roi. Alors Açôka furieux, tirant son glaive, fit tomber la tête de ses cinq cents ministres.

Une autre fois Açôka, entouré des femmes des appartements intérieurs, se rendit, au temps du printemps, quand les arbres sont couverts de fleurs et de fruits, dans le jardin à l’orient de la ville. Pendant qu’il s’y promenait, il aperçut un arbre Açôka tout en fleurs. Aussitôt il le salua en faisant cette réflexion : Voici un arbre qui porte le même nom que moi. Or le roi Açôka avait les membres rudes au toucher ; les jeunes femmes n’avaient pas de plaisir à le caresser. Le roi vint à s’endormir ; alors les femmes des appartements intérieurs brisèrent de dépit les fleurs et les branches de l’arbre Açôka. À son réveil le roi vit l’arbre dans cet état et demanda : Qui l’a brisé ainsi ? On lui répondit : Ce sont les femmes des appartements intérieurs. En apprenant le fait, le roi transporté de colère fit entourer de bois[3] les cinq cents femmes, et les fit brûler. En voyant les actes de cruauté auxquels il se livrait, le peuple se dit : Le roi est furieux, c’est Tchaṇḍâçoka, Acôka le furieux. Alors le premier ministre Râdhagupta lui fit les représentations suivantes : Ô roi, il n’est pas convenable que tu exécutes toi-même de telles actions qui sont indignes de toi. Il faut établir des hommes chargés de mettre à mort ceux que le roi à condamnés, lesquels

  1. Ne serait-ce pas Susîma qu’il faudrait lire ? Rien n’est au reste plus confus que le texte dans la plus grande partie de cette légende.
  2. Mimosa catechu.
  3. Je lis kâchṭakâiḥ au lieu de kiṭikâiḥ, dont je ne puis rien faire.