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DU BUDDHISME INDIEN.

rieurs[1]. C’est lui qui, cent, ans après que je serai entré dans le Nirvaṇa complet, remplira le rôle d’un Buddha. * Sous son enseignement beaucoup de Religieux verront face à face l’état d’Arhat par la destruction de toutes les corruptions du mal. Ces Religieux rempliront de baguettes longues de quatre doigts une caverne ayant une profondeur de dix-huit coudées sur une largeur de douze[2]. Le premier de mes Auditeurs, ô Ânanda, entre ceux qui sont capables d’interpréter la Loi, sera le Religieux Upagupta. * Vois-tu là-bas, ô Ânanda, cette bande de bois qui est si bleue ? — Oui, seigneur. — C’est, ô Ânanda, la montagne nommée Urumuṇḍa[3]. Là, quand cent ans se seront écoulés depuis l’entrée du Tathâgata dans le Nirvana complet, il y aura une habitation aux bois nommée Naṭabhaṭikâ[4]. De tous les endroits faits pour qu’on s’y assoie ou qu’on s’y couche, et qui favorisent le calme [de la contemplation], le premier à mes yeux est cet ermitage de Naṭabhaṭikâ.

Le Sthavira prononça ensuite cette stance : Le chef du monde a prédit que le glorieux Upagupta, le premier des interprètes de la Loi, remplirait les devoirs d’un Buddha.

Cet être parfait, reprit le roi, est-il donc déjà né, ou bien est-il encore à

    frappante analogie. Ce sujet fournirait la matière d’une monographie curieuse. Je remarque seulement ici, en passant, que le nom de Tichya, qui est si commun dans nos légendes du Nord, est l’original sanscrit du nom pâli de Tissa, qui n’est pas moins familier aux Buddhistes singhalais.

  1. On ne voit pas clairement dans le texte s’il faut lire alakchaṇakô Buddhaḥ, ou lahchaṇakô. La lecture attentive de la légende d’Upagupta m’autorise à croire que la véritable leçon est alakchaṇaka. Le texte veut dire qu’Upagupta sera un Buddha, moins les Lakchaṇâni, ou les trente-deux signes de la beauté physique.
  2. Le passage intercalé entre deux étoiles est emprunté à la légende d’Upagupta, qui est d’un très-grand secours pour l’intelligence de celle d’Açôka. (Divya avad., f. 173 b.) Mais en cet endroit même le texte est si altéré, que sans les éclaircissements dans lesquels la légende entre ailleurs, il serait à peu près impossible d’y rien comprendre. Voici le résumé des éclaircissements en question. Lorsque Upagupta eut acquis la science profonde qui en fit le premier des interprètes de la Loi, il se mit à prêcher constamment à la multitude, et convertit jusqu’à dix-huit mille personnes, qui à force d’application parvinrent au rang d’Arhat. « Or il y avait dans la montagne d’Urumuṇḍa une caverne profonde de dix-huit coudées, et large de douze. Le Sthavira Upagupta dit à ceux de ses auditeurs qui avaient rempli leurs devoirs : Celui qui, par suite de mon enseignement, sera parvenu à voir face à face l’état d’Arhat par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, devra jeter dans cette caverne une baguette de quatre doigts ; et il arriva qu’en un seul jour dix mille Arhats jetèrent chacun une baguette dans la caverne. » (Divya avad., f. 181 a.) C’est à ce fait que se rapporte la phrase sur laquelle porte la présente note ; mais il était difficile de se faire une idée du sens, à la manière dont nos deux manuscrits donnent ce passage. Outre qu’ils suppriment le mot guhâm (caverne), ils lisent çaṇakâbhiḥ au lieu de çalâkâbhiḥ, et pûdjayichyanti au lieu de pûrayichyanti.
  3. Cette montagne est nommée tantôt Urumuṇḍa, et tantôt Rurumuṇḍa ; la première orthographe est la plus ordinaire.
  4. Cet ermitage tirait son nom de celui des deux frères Naṭa et Bhaṭa, qui l’avaient fait construire. (Divya avad., f. 173 b.)