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DU BUDDHISME INDIEN.


Que les fils du Djina qui habitent auprès du lac Anavatapta, dans les montagnes, près des fleuves, et dans les vallées, que ces sages, amis de la contemplation, pleins de persévérance, viennent ici avec l’énergie de la compassion.

Que les fils du plus éloquent des hommes, qui résident dans l’excellent palais divin de Çêrîchaka[1], que ces Religieux exempts de chagrin et dont la nature est pleine de miséricorde, viennent ici par compassion pour moi.

Que les Religieux pleins d’énergie qui résident dans la montagne de Gandhamâdana[2], se rendent ici par bienveillance pour moi, appelés par mon invitation.

Dès que le roi eut prononcé ces paroles, trois cent mille Religieux se trouvèrent réunis en sa présence. Mais entre ces centaines de mille d’Arhats, de disciples et d’hommes ordinaires pleins de vertus, il n’y en eut aucun qui se présentât pour occuper la place d’honneur. D’où vient donc, dit le roi, que le siége de l’Ancien n’est pas occupé ? Alors le vieux Yaças, qui possédait les six connaissances surnaturelles, lui répondit en ces termes : Grand roi, c’est là le siége de l’Ancien. Y a-t-il donc, ô Sthavira, reprit le roi, un Religieux plus âgé que toi ? Oui, dit le Sthavira, il y en a un qui a été désigné par le plus éloquent des sages, comme le chef de ceux qui font entendre le rugissement du lion : c’est Piṇḍôla, le descendant de Bharadvâdja ; et ce siége, le premier de tous, est le sien. Aussitôt le roi, sur le corps duquel tous les poils se hérissaient

    de Rêvataka, n’est cependant pas étranger à la tradition buddhique. Le Lalita vistara nomme ainsi le Brâhmane, chef d’un des ermitages que visita Çâkyamuni au début de sa vie de mendiant. (Lalita vistara, f. 125 b de mon ms.) La tradition du Buddhisme méridional cite un Rêvata plus célèbre encore, qui dirigea le troisième concile, et qui était contemporain de Dharmâçôka. (Turnour, dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 791.) Ce dernier joue un rôle très-important dans le Mahâvam̃sa. (Mahâvanso, p. 16 sqq., éd. in-4°.) Rien ne nous apprend lequel de ces deux Rêvatas a pu donner son nom à ce que le texte de notre légende appelle « le char de Rêvataka. » Cette expression elle-même de char paraît bien mythologique ; elle rappelle le mot vimâna, qui désigne chez les Brâhmanes les chars divins, ou les espèces de palais mobiles qu’on donne aux Dieux, et dont les nuages ont probablement fourni la première idée.

  1. Je ne trouve rien dans nos légendes relativement à ce palais probablement fabuleux. Les Buddhistes du Sud parlent d’un lieu nommé Sirîsa mâlaka, dans la légende du premier Buddha de l’époque actuelle. (Mahâvanso, p. 90 et 93, éd. in-4°.) C’était l’enceinte qui entourait l’arbre Sirisa (Çirîcha en sanscrit), sous lequel ce Buddha était parvenu à son état de perfection. (Ibid., p. 90.) Je n’oserais affirmer que ce soit ce lieu que rappelle notre légende sous le nom de Çêrîchaka. Ce mot, qui serait plus correctement écrit Çâirîchaka, peut cependant bien signifier « le lieu du Çirîcha. »
  2. On sait que le mont Gandhamâdana est un lieu fabuleux ; il en a été parlé plus haut, sect. II, p. 158, note 2. Cependant la suite du dialogue de Piṇḍôla et d’Açôka semble placer cette montagne au nord du lac Anavatapta. Est-ce qu’il n’en aurait pas pu exister une de ce nom dans le pays de Gandhâra ?