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DU BUDDHISME INDIEN.


Lorsque, entouré de Religieux exempts comme lui de passions, le grand solitaire, le Tathâgata, se rendit à Râdjagrĭha pour y passer le temps du Varcha ;

J’étais en ce moment-là dans cette ville, et je me trouvai en présence du Buddha parfait ; alors je vis le Solitaire comme toi-même tu me vois aujourd’hui.

Et de plus, ô grand roi, lorsqu’à Çrâvastî Bhagavat voulant vaincre les Tîrthyas, opéra un grand miracle, en faisant apparaître cette couronne de Buddhas qui s’élevait jusqu’au ciel des Akanichṭhas, je me trouvais alors dans cette ville, et là je vis ces jeux du Buddha. Puis il prononça cette stance :

Lorsque les Tîrthyas, qui marchaient dans la mauvaise voie, furent réduits par Bhagavat, qui fit usage de sa puissance surnaturelle, je vis alors, ô roi, les nobles jeux du Héros aux dix forces, qui comblèrent de joie les créatures[1].

Et de plus, ô grand roi, lorsqu’après avoir passé le temps du Varcha chez les Dêvas Trayastrim̃ças, pour enseigner la Loi à sa mère, à laquelle il devait le jour, Bhagavat redescendit dans la ville de Sâm̃kâcya, suivi de la foule des Dieux, je me trouvais en ce moment-là dans cette ville ; j’assistai à la brillante fête des Dieux et des hommes, et je vis également la glorieuse métamorphose d’Utpalavarnâ qui se transforma en roi Tchakravartin[2]. Et il prononça cette stance :

« Lorsqu’après avoir passé le Varcha dans le monde des Dieux, le plus éloquent des hommes en redescendit [sur la terre], je me trouvais en cet endroit, et alors je vis le Solitaire, ce premier des êtres.

Et de plus, ô grand roi, lorsque, invité par Sumâgadhâ, la fille d’Anâtha piṇḍika, Bhagavat se rendit miraculeusement à Puṇḍra varddhana[3], escorté de cinq cents Arhats, alors saisissant, en vertu de ma puissance surnaturelle, le sommet d’une montagne, je m’élançai dans les airs et me rendis à Puṇḍra vardhana. Et en ce moment Bhagavat me donna cet ordre : Tu n’entreras pas dans le Nirvâṇa complet, tant que la Loi n’aura pas disparu. Puis il prononça cette stance :

  1. Ceci est une allusion aux faits racontés dans la légende dont j’ai traduit la plus grande partie, ci-dessus, sect. II, p. 163.
  2. Voyez plus haut ce qui a été dit du voyage et de la descente miraculeuse de Çâkyamuni dans la ville de Sâm̃kâcya. (sect. II, p. 152, note.) Quant à la transformation miraculeuse de la mendiante Utpalâ, Fa hian y fait une courte allusion dans son passage à Sâm̃kâçya. (Foe koue ki, p. 124.) Il y a, au reste, dans notre texte une nouvelle trace de pâli ou de prâcrit : c’est le mot sam̃padâ pour le sanscrit sam̃pad (prospérité).
  3. Voy. les additions, à la fin du volume.