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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

foule, était fait de quatre sortes de pierres précieuses ; le voilà maintenant détruit. Le jeune homme [le fit relever]. Il y avait, en outre, en cet endroit une statue du Buddha parfait Krakutchhanda, qui était de grandeur naturelle ; elle avait été détruite. Le jeune homme la rétablit également et prononça cette prière : Puissé-je me rendre agréable à un maître pareil à Krakutchhanda ! puissé-je ne pas lui être désagréable !

Que pensez-vous de cela, respectables personnages ? Ce fils du chef d’artisans, c’était Kunâla lui-même. C’est lui qui dans ce temps-là fit relever le Stûpa de Krakutchhanda, et c’est en récompense de cette action qu’il est né dans une famille illustre. Parce qu’il rétablit la statue du Buddha, il obtint comme récompense de cette bonne œuvre de renaître avec un extérieur agréable. Parce qu’il prononça la prière rapportée plus haut, il eut l’avantage de plaire à un maître semblable à Çâkyamuni le Buddha parfait, et il ne lui déplut pas, et il connut les vérités[1].

Lorsque le roi Açôka conçut de la foi pour la Loi de Bhagavat, il fit établir quatre-vingt-quatre mille édits royaux de la Loi ; il nourrit pendant les cinq mois du Varcha trois cent mille Religieux ; c’est à savoir, cent mille Arhats, et deux cent mille disciples et hommes ordinaires pleins de vertu. La foule des habitants qui couvraient la terre jusqu’aux limites de l’Océan éprouva des sentiments de bienveillance pour la Loi de Bhagavat. Le frère d’Açôka, qui se nommait Vîlâçôka, était favorable aux Tîrthyas. Ceux-ci l’avaient convaincu de cette opinion : La délivrance n’est pas pour les Çramaṇas, fils de Çâkya ; car ils recherchent le plaisir et redoutent la peine. Un jour le roi Açôka dit à son frère : Vîlâçôka, il ne faut pas que tu témoignes de la bienveillance à ce qui n’a pas de fondement ; c’est au Buddha, à la Loi et à l’Assemblée que tu dois ta confiance ; ta bienveillance alors aura un objet réel.

Un autre jour le roi Açôka sortit pour chasser l’antilope. Vîtâçôka vit alors dans la forêt un Rĭchi qui était entouré des cinq feux, et qui se soumettait à de rudes mortifications. Le prince l’aborda, et ayant salué ses pieds, il lui fit cette question : Ô bienheureux, combien de temps y a-t-il que tu habites cette forêt ? Douze ans, répondit l’anachorète. — Et de quoi te nourris-tu ? — De fruits et de racines. — Et quel est ton vêtement ? — Des lambeaux et des feuilles de Darbha. — Et ton lit ? — Un tapis de gazon. — Y a-t-il quelque douleur qui te gêne [dans tes pénitences] ? Oui, reprit le Rĭchi ; ces antilopes s’accouplent dans la saison du rut. Or, quand je vois leurs ébats, alors je suis consumé de désirs. Si

  1. Cette partie de la légende a pour titre spécial dans nos manuscrits, Kunâla avadâna, « Légende de Kunâla. »