Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
DU BUDDHISME INDIEN.

dans les airs au moyen de sa puissance surnaturelle, à la vue de la foule du peuple. Et le roi Açôka réunissant ses mains en signe de respect, et environné de plusieurs centaines de mille d’habitants, tint ses yeux fixés au ciel ; et regardant le respectable Vîtâçôka, il prononça ces stances :

Libre de tout attachement à ta famille, tu t’élances semblable à un oiseau, nous laissant en quelque sorte enchaînés dans les liens de la passion qu’éprouve l’homme pour le plaisir.

Si ce sage plein de calme et maître de son cœur paraît avec ce pouvoir, c’est le fruit de la contemplation, fruit qui ne se montre pas aux hommes qu’aveugle le désir.

Cette suprême puissance surnaturelle nous couvre de honte, nous qu’enfle l’orgueil de la prospérité ; cette intelligence nous courbe la tête, à nous qu’exalte l’idée de notre savoir.

Ce sage qui a touché au but nous effraie, nous qui dans notre aveuglement croyons avoir reçu notre récompense ; enfin un nuage de larmes obscurcit notre visage ; nous ne sommes pas réellement affranchis.

Cependant le respectable Vîtâçôka se rendit dans la campagne au-delà des frontières, et il y plaça son siége et son lit. Là il fut atteint d’une grave maladie. Le roi Açôka en ayant été informé, lui envoya des médicaments et des serviteurs. Quand le Religieux fut atteint de cette maladie, sa tête se couvrit de lèpre ; mais dès que le mal eut disparu, ses cheveux repoussèrent, et il renvoya les médicaments et les serviteurs. Il se mit à manger surtout des aliments dans lesquels il entrait du lait, et se rendit en conséquence auprès d’un parc dans le voisinage duquel il vécut en mendiant.

Il arriva vers ce même temps que dans la ville de Puṇḍra vardhana, un homme qui était dévoué aux mendiants brâhmaniques renversa une statue du Buddha aux pieds d’un mendiant qui la brisa. Un fidèle Buddhiste en informa le roi, qui ordonna aussitôt qu’on lui amenât cet homme. Les Yakchas entendirent cet ordre à la distance d’un Yôdjana dans le ciel, et les Nâgas à la distance d’un Yôdjana sous terre, de sorte que le coupable fut au même instant amené devant le roi. À cette vue Açôka transporté de fureur s’écria : Que l’on mette à mort tous ceux qui vivent dans Puṇḍra vardhana. Conformément à cet ordre, on mit à mort en un seul jour dix-huit mille habitants.

Quelque temps après, à Paṭaliputtra, un autre homme dévoué aux Brâhmanes renversa encore une statue du Buddha aux pieds d’un mendiant qui la mit en pièces. Le roi ayant appris le fait se rendit en fureur à la maison du mendiant, du dévot, ainsi que chez leurs parents et leurs amis, et fit tout consumer par le feu ; puis il fit proclamer cet ordre :