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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

Comment comprends-tu cela, ô grand roi ? Celui qui dans ce temps-là et à cette époque était un pauvre laboureur, c’est le Religieux Sundara. Parce qu’il offrit aux Religieux un bain sacré, il a obtenu cette beauté qui le distingue, et avec lui est apparu cet étang construit en pierres précieuses et plein d’une eau parfumée de santal, ainsi qu’un grand jardin, rempli de fleurs et de fruits, qui marchent. Parce qu’il reçut alors les formules de refuge et les préceptes de l’enseignement, il a vu face à face dans cette présente existence l’état d’Arhat. C’est ainsi, ô grand roi, qu’aux actions entièrement noires est réservée une récompense noire aussi [etc. comme ci-dessus, page 244, jusqu’à la fin de l’alinéa.] »

De la comparaison de ce fragment avec la légende plus étendue dont je l’ai fait précéder, il résulte évidemment que c’est le même roi dont il est parlé dans l’un et dans l’autre ; l’Açôka du fragment intitulé le Concile, comme l’Açôka des légendes dites l’Aumône d’une poignée de terre, l’histoire d’Açôka, l’Histoire de Kunâla, est le roi, père de ce jeune homme célèbre par sa beauté et par ses malheurs. Dans l’un comme dans l’autre texte, Açôka est contemporain d’Upagupta. Religieux éminent qui a fait fleurir sous ce même monarque la Loi du Buddha. C’est là, je crois, un point qui ne peut être douteux.

Or, dans le premier de nos deux fragments, l’époque d’Açôka est placée à la centième année depuis la mort de Çâkyamuni Buddha. Cette date est répétée plus d’une fois, ordinairement sous la forme de prédiction, seule forme à l’aide de laquelle les compilateurs pouvaient comprendre une légende postérieure à la mort de Çâkya au nombre des livres émanés de son enseignement et donnés pour l’expression même de sa parole. Mais comme si les rédacteurs des Avadânas eussent eu des doutes sur la crédulité des fidèles, une indication d’une nature en apparence plus historique se présente en quelque sorte pour donner à cette date toute la certitude désirable ; c’est l’entrevue du roi Açôka et d’un vieux Religieux centenaire qui disait avoir vu Çâkyamuni. Ce Religieux fait sans doute trop de miracles, à ce point même que sa longévité est le moins incroyable de tous. Le Religieux, ses souvenirs et son entretien avec Açoka, tout cela n’est probablement qu’une pure invention des légendaires ; mais ces divers détails ne s’accordent pas moins avec les prédictions qui placent Açôka cent années après Çâkyamuni. Inventée par les rédacteurs de la légende, ou trouvée par eux dans les souvenirs traditionnels, l’intervention de Pindôla, le Religieux centenaire et le contemporain à la fois de Çâkyamuni et d’Açôka, a certainement pour objet de donner à la date qu’on assigne à ce dernier l’apparence d’un événement historique.

Maintenant, dans le fragment emprunté à la légende intitulée le Concile, ce