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DU BUDDHISME INDIEN.

plet, et que les indications puisées par Csoma aux sources tibétaines nous révèlent l’existence d’autres sectes sur lesquelles les Buddhistes népâlais, consultés par M. Hodgson, gardent un profond silence. Ce n’est pas tout ; un des manuscrits découverts au Népâl nous fournit des renseignements tout à fait conformes aux indications tibétaines. Une autre circonstance ajoute un nouvel intérêt aux renseignements que je vais signaler. C’est qu’ils assignent aux écoles buddhiques les noms mêmes que leur donnent les commentaires des Brâhmanes qui ont occasion de citer les Buddhistes. M. Hodgson, en rassemblant les passages les plus propres à établir l’exactitude de l’exposé qu’il avait donné précédemment de la métaphysique du Buddhisme, a remarqué qu’il n’avait pas trouvé dans les livres du Népâl de textes qui justifiassent la classification des écoles philosophiques des Bâuddhas, telle que la présentent les Brâhmanes[1]. Quelque peu développés que soient les renseignements qui vont suivre, ils auront au moins l’avantage de combler jusqu’à un certain point la lacune indiquée par M. Hodgson.

Au mot lta (doctrine, système) de son dictionnaire tibétain, Csoma nous apprend qu’il y a chez les Buddhistes quatre théories ou quatre systèmes de philosophie qui se nomment en sanscrit Vâibhâchika, Sâutrântika, Yôgâtchâra et Madhyamika[2]. Ici je laisse parler Csoma de Cörös lui-même, en complétant les indications de son dictionnaire par celles qu’il donne ailleurs sur le premier de ces quatre systèmes[3]. « La première école, celle des Vâibhâchikas, comprend quatre classes principales avec leurs subdivisions. Ces quatre classes eurent pour fondateurs quatre des principaux disciples de Çâkya, savoir Râhula, Kâçyapa, Upâli et Kâtyâyana. Râhula était le fils de Çâkya : ses disciples se divisaient en quatre sections ; ils lisaient le Sûtra de l’Émancipation (sans doute le Pratimôkcha sûtra) en sanscrit, et affirmaient l’existence de toutes choses. Vers le temps du troisième concile, l’école qui se rattachait à Râhula, et qui était connue sous le nom générique de Sarvâsti vâdâḥ ou ceux qui affirment l’existence de toutes choses, se partageait en sept subdivisions : 1° Mûla sarvâsti vâdâḥ, 2° Kâçyapîyâḥ, 3° Mahi çâsakâḥ, 4° Dharma guptâḥ[4], 5° Bahu çru-

  1. Quotations, etc., dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. V, p. 82.
  2. Tibet. Diction., p. 276, col. 2. Notices of the diff. Systems of Buddhism, dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 143.
  3. Asiat. Res., t. XX, p. 298.
  4. Klaproth a inséré dans le Foe koue ki une note touchant une division des écritures buddhiques admise par les Chinois, qui pourrait bien renfermer quelques allusions aux sectes énumérées par Csoma. Cette note est obscure, et peut-être les textes d’après lesquels elle a été rédigée auraient-ils besoin d’être examinés de nouveau. La première des divisions citées par Klaproth a pour titre : Tan mo khieou to ; il la traduit par Destruction de l’obscurité, et y voit le sanscrit tamôghna ; le titre de Dharma gupta, sous sa forme pâlie Dhamma gutta, donnerait une