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DU BUDDHISME INDIEN.

de la sagesse même que sont enseignées avec étendue toutes les conditions que le Bôdhisattva doit étudier, auxquelles il doit appliquer ses efforts. Celui même qui désire s’instruire pour arriver à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli doit écouter [etc. comme plus haut, jusqu’à :] promulguer la Perfection de la sagesse même. Il faut que celui qui est doué de l’habile emploi des moyens y applique ses efforts, pour arriver à la compréhension de toutes les conditions d’un Buddha. Pourquoi cela ? Parce que c’est dans la Perfection de la sagesse même que sont enseignées avec étendue toutes les conditions d’un Buddha, qu’un Bôdhisattva doit étudier, auxquelles il doit appliquer ses efforts.

Alors Subhûti parla ainsi à Bhagavat : Pour moi, Bhagavat, je ne connais pas, je ne comprends pas, je ne saisis pas ce nom même de Bôdhisattva, je ne connais pas, je ne comprends pas, je ne saisis pas davantage la Perfection de la sagesse. Or dans cette ignorance où je me trouve sur le nom de Bôdhisattva et sur la Perfection de la sagesse, quel est le Bôdhisattva que je dois instruire, et qu’est-ce que la Perfection de la sagesse que je dois lui enseigner, que je dois lui apprendre ? Ce serait de ma part, ô Bhagavat, une mauvaise action, si ne connaissant pas, ne comprenant pas, ne saisissant pas la chose même, je me contentais pour l’expliquer du nom seul qu’elle porte, celui de Bôdhisattva. Il y a plus, ô Bhagavat, ce nom même n’est ni stable, ni non stable ; il n’est ni instable, ni non instable. Pourquoi cela ? Parce que ce nom n’a pas d’existence. C’est de cette manière qu’il n’est ni stable, ni non stable, ni instable, ni non instable. — Si pendant que cette profonde Perfection de la sagesse est dite, exposée, enseignée au Bôdhisattva, sa pensée ne se dissout pas, ne se fond pas, ne s’affaisse pas, n’éprouve pas de faiblesse, ne recule pas ; si son esprit ne recule pas vaincu, s’il ne s’effraye pas, s’il ne craint pas, s’il n’éprouve pas de terreur, ce Bôdhisattva, qui doit à la pratique de la réflexion ses dispositions favorables, doit être reconnu comme n’étant pas séparé de la Perfection de la sagesse. Établi sur le terrain d’un Bôdhisattva incapable de se détourner de son but, il est bien établi de manière à ne l’être réellement pas.

Encore autre chose, ô Bhagavat. Le Bôdhisattva qui marche dans la Perfection de la sagesse, qui la médite, ne doit pas s’arrêter à la forme, non plus qu’à la sensation, non plus qu’à l’idée, non plus qu’aux concepts, non plus qu’à la connaissance. Pourquoi cela ? C’est que s’il s’arrête à la forme, il marche dans la notion que la forme existe, il ne marche pas dans la Perfection de la sagesse. Et de même s’il s’arrête à la sensation, à l’idée, aux concepts, à la connaissance, il marche dans la notion que tout cela existe ; il ne marche pas dans la Perfection de la sagesse. Pourquoi cela ? C’est que celui qui marche dans la notion