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Jean admet que le Verbe divin était connu longtemps avant Jésus, qu’il existe éternellement, qu’il éclaire tout homme venant en ce monde, qu’il fut pour Dieu le médiateur de la création, qu’il s’est fait chair et qu’il a placé en nous sa demeure (habitavit in nobis). Dieu est un et indivisible. Le Verbe est son fils unique, sa gloire, sa lumière ; il dévoile aux hommes les choses du ciel. L’esprit est Dieu ; incarné, il devient le Christ, premier-né des créatures, organe de sanctification pour les hommes. C’est l’amour divin qui est le sauveur universel, car c’est par lui que Dieu a donné au monde son fils unique ; par leur communion avec ce fils, les hommes deviennent, comme lui, enfants de Dieu. La justification s’opère par la grâce de Dieu, c’est-à-dire par son action directe en nous, et l’expiation s’opère, non par les œuvres de la loi, mais par la justice. Le consolateur que Jésus a promis à ses disciples n’est pas autre que l’Esprit de Dieu, qui, sous le nom de Christ, habitait avec eux, mais non encore en eux, et qui, après le départ du Christ, quand ils seront livrés à eux-mêmes, demeurera en eux, et fera que par eux les hommes continueront à accomplir les œuvres de l’Esprit. C’est dans saint Jean que se trouve, pour la première fois exposée sous sa forme authentique la théorie du Christ éternel, antérieur à Abraham et à Adam ; mais à côté de cette doctrine se trouve nettement affirmée l’humanité du Christ, son incarnation en Jésus et la réalité de sa vie et de sa mort.