Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/132

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permis d’attribuer cette exiguité scientifique des religions fondées sur le Koran moins peut-être au caractère particulièrement moral de la révolution musulmane qu’à la nature de l’esprit sémitique, toujours inférieur, en matière de science, au génie des peuples âryens. Cette opinion, depuis longtemps répandue parmi les savants, se confirme de plus en plus chaque jour et tend à devenir un point de doctrine incontestable. Il est certain en effet qu’il n’y a presque pas de philosophie théorique dans les livres sémitiques qui ont précédé le Koran, c’est-à-dire dans la Bible et dans les autres écrits des Hébreux. Si l’on n’avait sous les yeux que la suite des religions procédant exclusivement du mosaïsme, la loi qui nous montre les religions ne prenant un caractère définitivement pratique qu’après avoir été pour ainsi dire étrangères à la morale ne pourrait pas être établie ; mais il est certain que les religions purement âyrennes se sont développées suivant cette loi.

Le bouddhisme dans l’Inde est resté pendant plusieurs siècles confondu, quant à sa partie métaphysique, avec certaines écoles des brâhmanes. Plus tard, soit quand il s’est séparé d’elles, soit quand il a quitté l’Inde pour se rendre dans le Tibet, dans l’île de Ceylan et chez les peuples de race jaune, il a conservé, quoique en les modifiant, la plus grande partie des symboles brâhmaniques. Au contraire, dès le premier jour, le Bouddha s’est présenté aux hommes comme instituteur d’une doctrine morale fondée sur la vertu et sur la charité. Quand ses disciples se sont réunis en concile pour composer la primitive église bouddhique (sangha), le seul but qu’ils se sont proposé d’atteindre a été, non d’enseigner aux hommes une métaphysique nouvelle, mais de changer leurs mœurs qui étaient mauvaises, d’ôter, de leur âme les passions qui avilissent, et de les réunir dans un sentiment universel d’amour (maitrêya).