Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tatée, la question inverse se pose d’elle-même ; C’est une des premières et des plus simples règles de la critique, et en général des sciences d’observation, qu’il faut renverser les problèmes et renouveler les expériences dans des conditions opposées. Ainsi, tandis que les religions affirment leur propre originalité, les recherches scientifiques, poursuivies sans parti pris d’avance et avec la seule pensée de découvrir les lois de la nature, font que l’homme d’étude se demande à lui-même s’il n’y a eu en effet aucune filiation réelle entre les religions. Or, les travaux de tout genre accomplis sur cette matière durant le siècle où nous sommes ont abouti pour elles toutes à une affirmation contraire à la leur. Les faits constatés sont aujourd’hui si nombreux et tellement d’accord entre eux, que toute illusion à cet égard est scientifiquement impossible. Les religions ont procédé les unes des autres. Non seulement les formes du culte ne sont originales chez aucune d’elles, non seulement les symboles ont passé des unes aux autres et l’appareil extérieur dont elles se sont servies s’est transmis à travers les siècles, ne subissant que des altérations superficielles ; mais encore la doctrine mystique ou, si l’on veut, métaphysique, qui se cache sous ces voiles, ce que nous pouvons appeler l’élément divin des religions, est demeuré le même depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, animant tour à tour ces figures idéales, ces rites et ces formules qui en sont l’élément sensible.

Il est aujourd’hui démontré que les cultes si variés de l’ancienne Grèce sont pour la plupart, sinon tous, originaires de l’Asie. Comment sont-ils arrivés sur le continent de l’Europe ? quels chemins ont-ils suivis ? C’est là une question importante, mais secondaire, qui n’est point encore résolue, bien qu’il soit déjà visible que la Crète, les îles de l’Archipel et les pays au nord