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Ahura suprême. Ces déités, anges ou génies, portent aussi dans le Zend-Avesta le titre d’ahura, comme dans le Vêda les dieux sont aussi des asuras.

L’extérieur des croyances, en prenant la forme médo-perse, n’a donc presque pas été changé. Mais la réforme même et la lutte d’où elle est née attestent qu’une scission, qu’un schisme s’était produit au sein de la société âryenne, lorsque Zoroastre fonda la religion d’Ormuzd. La nature de ce schisme est clairement indiquée dans l’Avesta, où les Aryas du parti adverse sont accusés de polythéisme et leurs dieux (dêvas) transformés en mauvais génies. Elle l’est aussi, non dans le Vêda, qui n’en porte pas la plus faible trace, mais dans le brâhmanisme des temps postérieurs, où nous voyons les dêvas devenus les objets du culte et les asuras devenus les ennemis des dieux. Par conséquent le mazdéisme est né d’un abaissement des dieux au profit des Asuras et particulièrement du premier d’entre eux, Ahura-mazda, Ormuzd ; le brâhmanisme est né d’un abaissement des Asuras au profit des dieux et bientôt au profit du plus grand d’entre eux, Brahmâ.

Quant au Vêda, il représente une époque antérieure au schisme et contient par conséquent les dogmes communs, d’où les deux religions sont sorties. Plus tard, moralement et géographiquement séparées, elles furent également soumises à ce développement graduel que la pensée individuelle des docteurs produit toujours au sein des religions : l’Ahura-mazda des anciens temps fut mis presque au même niveau que l’Esprit du mal et vit s’élever au-dessus de lui un être métaphysique suprême qui reçut le titre d’Akarana, c’est-à-dire l’Inactif ; dans l’Inde, les brâhmanes s’élevèrent de même à l’idée du principe inactif, au-dessus duquel rien ne peut plus se concevoir, et qui reçut le nom neutre de Brahma. Ainsi les deux branches orientales de la religion primi-