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line entre les « deux grands parents, » dont l’éclat est comme éclipsé par le sien ; mais toute personne s’occupant de linguistique reconnaîtra dans la forme latine du nom de Moïse (Moses) le nom sanscrit de la Lune et du Mois (Mâs, Mâsa) reproduit lettre pour lettre.

Si l’on veut ensuite rechercher dans le livre des Hymnes tout ce qui concerne la théorie de ces astres dans leur rapport avec le feu, la vie, la pensée et avec le saint sacrifice, on verra s’expliquer de la façon la plus simple toutes les figures symboliques dont nous venons de parler.

De la même manière s’expliqueront aussi les peintures où, à la place d’Hélie et de Moïse, sont figurés un cheval et un lièvre, ou bien un bélier et un paon ; on lira à ce sujet les beaux hymnes de Dîrghatamas sur le cheval céleste Dadhicrâs ; tous les indianistes connaissent la relation d’Indra et du bélier, et le rapport mystique de la lune (Çaçin)[1] avec le lièvre et le paon.

Les faits exposés permettent de remonter le cours de la tradition dogmatique jusqu’à la captivité de Babylone et d’apercevoir que la religion du Christ est âryenne et non sémitique. Au-delà de ce temps, éloigné de notre ère de cinq ou six siècles, la lumière commence à manquer. C’est que la religion médo-perse suffit bien pour rendre compte des théories abstraites du christianisme ; mais elle n’explique pas complètement les rites et les symboles. L’erreur serait de la croire elle-même primitive sous la forme où l’Avesta nous l’a transmise : elle a été pour les pays iraniens, comme le brahmanisme pour l’Inde, une phase nouvelle d’une doctrine plus ancienne. Cette doctrine, c’est dans le Véda qu’on la retrouve. Mais le Vêda non plus n’est pas primitif, et

  1. Les Indiens voient la figure d’un lièvre, çaça, dans les taches du disque de la lune