Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/208

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sont produites fatalement ; les effets sont visibles aujourd’hui même. Chez la plupart des nations anciennes et modernes on voit coexister les quatre états de développement de l’idée de Dieu. Seulement ils s’y trouvent à des degrés divers, répondant au degré de pureté des races. Le fétichisme règne chez les populations plus ou moins noires de l’ancien et du nouveau monde qui n’ont pas encore reçu l’islâm ou le christianisme. La croyance aux esprits domine chez les Peaux-rouges, dans l’Afrique du Sud et dans la Polynésie. Elle s’est élevée d’un degré en Chine avec la civilisation et y subsiste à côté du bouddhisme, la plus métaphysique des religions : seulement le bouddhisme, à son contact, a subi une déchéance. En Europe la croyance aux esprits est loin d’avoir disparu, même dans les classes instruites ; elle y a donné naissance à une sorte de secte, les spirites, qui prétend avec raison remonter à l’antiquité et qui énumère ses ancêtres. Une foule de superstitions et d’usages populaires sont un reste de l’animisme ancien, conservé par la tradition chez presque toutes les nations chrétiennes.

Il en est de même de la mythologie. La haute métaphysique des brâhmanes ne l’a point bannie du sol indien. Elle l’a laissée au contraire se développer dans des divinités et des cultes nouveaux. En Occident, le christianisme s’est approprié une partie notable de l’ancienne mythologie, surtout chez les Grecs ; il l’a transformée, mais il l’a gardée. Il a agi de même à l’égard du symbolisme des Sémites et des Égyptiens. La milice céleste, les anges, les archanges et les autres esprits purs, aussi bien que les démons et l’enfer, ont été empruntés par lui en partie à ces anciens peuples, en partie à la religion des Perses. De sorte que l’on trouve représentés aujourd’hui chez nous tous les degrés que la pensée religieuse peut parcourir. En outre nous