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pond à celui d’Orphée, comme la légende du chantre de Thrace répond à celle de l’antique Ribhou.

Jusque-là toutefois le culte n’est que l’expression d’une idée, le symbole d’une théorie métaphysique. Cette théorie et ce symbole constituent toute la religion, considérée dans ce qu’elle a d’essentiel, car ces deux éléments des institutions sacrées sont les seuls qui se soient transmis de siècle en siècle, de peuple en peuple, et qui se retrouvent à toutes les époques, non seulement dans les diverses branches de la race aryenne, mais aussi chez des peuples de race étrangère, anciens ou modernes. C’est là le fonds commun, l’héritage indivisible, la substance dont se sont alimentées et dont s’alimentent encore leurs civilisations.

La théorie était complète, le culte était organisé dans tout ce qu’il y a de fondamental, c’est-à-dire de symbolique et d’expressif, avant l’époque où furent composés les derniers des hymnes vêdiques que nous possédons. Depuis lors, il n’a rien été ajouté d’important, à l’institution primitive. Nos rites, auxquels la plupart de nous ne comprennent plus rien, nos symboles qui sont à peu près tous devenus une lettre morte, nos légendes, même dans ce qu’elles semblent avoir de plus réel et de plus local, se trouvent déjà exposés dans le Vêda, presque dans les mêmes termes que nous employons encore aujourd’hui.

Il s’agit maintenant, de reconnaître les causes, qui, d’une religion primitivement unique, ont fait naître tant d’opinions particulières, d’églises séparées, de communautés rivales.

Il ne s’agit point ici de morale ; la conduite de la vie est étrangère à ces questions.

On constate en effet, soit dans les livres sacrés de l’Inde, soit chez les anciens Grecs, soit même dans les livres de Zoroastre, au moins dans les plus anciens