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trines et les retours perpétuels au polythéisme les indignaient. Sur ce fond antique, les hommes, qui avaient été à Babylone élevèrent non seulement des doctrines plus explicites, mais tout un système sacerdotal et politique, emprunté aux Perses de Cyrus et de Darius. Il existe dans la Bible un autre élément étranger aux Aryas, qui ne se rencontre ni dans les livres de Zoroastre, ni dans le brâhmanisme, ni dans le Vêda : c’est la personnalité de Dieu. Quoique le problème de la nature divine ne se présente pas comme entièrement résolu dans les hymnes vêdiques, cependant plusieurs d’entre eux ont une forte tendance vers le panthéisme. Peu après, ce dernier s’établit dans l’Inde comme théorie fondamentale en même temps que la constitution brâhmanique, et il n’a plus cessé d’être la doctrine religieuse des Indiens. En Perse la personne divine la plus haute fut et a continué d’être Ormuzd, qui était l’Asura des temps primitifs, et qui dans la hiérarchie céleste de Zoroastre fut le premier des Amschaspands ; au-dessus de ce dieu vivant, agent suprême de la création et ordonnateur du monde, les mages comme les brâhmanes ont conçu l’être absolu et impersonnel, dans l’unité duquel tous les êtres vivants et Ormuzd lui-même se résolvent. Il n’y a donc pas de différence essentielle entre la métaphysique des Perses et celle des Indiens.

Le sémitisme repose au contraire sur la personnalité divine, et se sépare en cela des dogmes âryens. Il faut donc voir dans cette manière de concevoir Dieu un élément introduit dans la doctrine par la race elle-même. Il se reconnaît dans la Bible dès les premiers mots, et il a servi de support à tout le système politique du peuple d’Israël. Si les prophètes n’avaient point subi son influence et avaient accepté dans son intégrité la doctrine des Aryas, il est probable qu’ils n’auraient exercé que bien peu d’action sur le peuple juif, dont la majo-