Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/17

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vres sont très-considérables, et il existe un texte répété dans plusieurs Purâṇas[1] qui porte à quatre cent mille le total des stances dont se compose leur réunion, ce qui donne la masse énorme de seize cent mille vers[2]. Écrits primitivement en sanscrit, ces volumineux ouvrages ont été depuis longtemps traduits dans la plupart des dialectes vulgaires de l’Inde et ils sont encore aujourd’hui entre les mains des Hindous de tout rang, qui en font leur lecture habituelle. Un corps d’ouvragés aussi répandu a nécessairement exercé une puissante influence, et les savants les plus versés dans la littérature sanscrite s’accordent à considérer les diverses parties dont il se compose comme très-propres à faire connaître les goûts littéraires de la masse de la population indienne et la direction de ses idées.

On ignore jusqu’à présent les noms des auteurs auxquels sont dus les Purâṇas, ainsi que l’époque où ils ont commencé à se répandre. Les Hindous les regardent comme des livres inspirés, dont Vyâsa, le compilateur célèbre des Vêdas, est réputé le rédacteur. Mais cette opinion donne lieu à de grandes difficultés, et pour n’en citer qu’une seule, il n’est guère possible de croire


    texte de ce Purâṇa et celui du Mâtsya un désaccord jusqu’à présent inexpliqué, en ce qui touche le nom du sage auquel ce livre aurait été révélé. Suivant le Mâtsya, ce serait comme je viens de le dire, Maritchi ; tandis que suivant le texte du Brâhma, ce serait Dakcha. (Essays on the Purâṇas, dans Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain, t. V, p. 65.)

  1. Bhâgavata, 1. XII, ch. vii, st. 9 ; Mâtsya Purâṇa, ms. beng. no xviii, fol. 67 v. et 69 r. ; Râdhâkânta Déva, Çabdakalpadruma, au mot Purâṇa, p. 2194, col. 1.
  2. Wilson, Essays on the Purâṇas, dans Journ. of the As. Soc. of Great Britain, t. V, p. 61. L’addition du nombre des stances attribuées à chacun des Purâṇas par quelques-uns de ces livres, tels que le Bhâgavata, le Mâtsya et autres, est de quelques milliers au-dessous du chiffre de quatre cent mille stances. Je reviendrai plus bas sur les énumérations de ce genre que j’ai trouvées dans les manuscrits qui sont à ma disposition ; j’ajouterai seulement ici que ce chiffre énorme n’a pas suffi à l’imagination de quelques sectaires qui, comme nous le verrons plus tard, ont inventé une collection divine de Purâṇas d’une étendue beaucoup plus considérable.