Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/376

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9. Mâitrêya dit : Ce qui répugne à la raison, c’est la Mâyâ dont s’enveloppe Bhagavat, c’est la misère et l’esclavage de l’Être suprême qui est [naturellement] libre.

10. [Mais] cette apparence n’est qu’une illusion sans réalité, semblable au rêve de l’homme qui, pendant son sommeil, s’imagine, par exemple, qu’il a la tête tranchée.

11. Comme on voit, quand la lune se réfléchit dans l’eau, que le mouvement et les autres accidents de son image résultent de l’eau elle-même, ainsi les accidents contraires à la nature de l’Esprit, qui n’ont réellement pas d’existence véritable, [n’existent que] pour l’Esprit [individualisé, dans la condition de] spectateur [interne].

12. Ces accidents disparaissent successivement en ce monde par l’observance de l’inaction, par la miséricorde du fils de Vasudêva, et par la pratique de la dévotion à Bhagavat.

13. Quand le trouble des sens s’est calmé dans le sein du spectateur [interne], où réside le suprême Hari, alors les douleurs s’évanouissent complètement, comme elles font pour l’homme plongé dans un profond sommeil.

14. Le récit des qualités de l’ennemi de Mura, qu’on l’entende ou qu’on le prononce, apporte le calme à toutes les douleurs ; que sera-ce donc de l’affection qu’une âme dévouée témoigne pour la poussière du lotus de ses pieds ?

15. Vidura dit : Mes doutes sont tranchés, ô seigneur, par le glaive de tes discours habiles ; mon intelligence comprend d’une manière complète, ô bienheureux sage, cette double condition, [l’indépendance de l’Être suprême, et la dépendance de l’âme individuelle.]

16. Tu l’as bien expliqué, sage Brâhmane : cet état [de l’Être suprême qui parait dépendant] se montre comme le théâtre de la Mâyâ de Hari, de cette illusion dont l’Esprit est le jouet ; cet état est sans réalité, sans base ; l’origine de l’univers n’est pas hors de là.

17. Celui qui, dans le monde, est le plus esclave de l’erreur, et celui qui est parvenu jusqu’à l’Être qui est au-dessus de l’intelligence, vivent aussi heureux l’un que l’autre ; la douleur est pour l’homme qui est placé entre [l’ignorance et la science].