Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/382

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Brahmâ promenant ses regards autour du ciel, prit quatre visages répondant chacun à un des points de l’horizon.

17. Quoique reposant au sein de ce lotus qui s’élevait au-dessus de la mer couverte d’une année de vagues soulevées par le vent qui souffle à la fin de chaque Yuga, le premier des Dêvas ne put connaître ni le principe des mondes, ni ce qu’il était lui-même.

18. Qui suis-je donc, moi qui me trouve placé sur ce lotus, et d’où vient ce lotus qui s’élève solitaire sur les eaux ? car il doit certainement exister sous cette plante quelque chose sur quoi elle repose.

19. Ayant fait ces réflexions, il plongea dans l’eau par les tubes caverneux de la tige du lotus ; mais quoiqu’il descendit bien avant pour trouver la base de la tige de cette plante, Adja ne put parvenir à la rencontrer.

20. Tandis qu’au sein de l’obscurité sans bornes, il se livrait, ô Vidura, à la recherche de son origine, le temps s’écoula pour lui pendant une longue période ; le temps, ce glaive de l’Être incréé, qui jetant l’épouvante parmi les hommes, anéantit la vie des mortels.

21. Ayant ensuite abandonné cette recherche sans avoir obtenu l’objet de ses désirs, le Dieu était remonté de nouveau sur son siège ; contenant sa pensée après s’être peu à peu rendu maître de sa respiration, il s’assit, plongé dans l’extase de la méditation.

22. Sentant son intelligence augmentée par cette méditation dans laquelle il avait persévéré durant un nombre d’années égal à celui de la vie humaine, Adja vit de lui-même, resplendissant au milieu de son cœur, celui qu’il n’avait pas vu auparavant.

23. Il vit Purucha, solitaire, couché sur un lit étendu, blanc comme les fibres de la tige du lotus, formé par le corps de Çêcha, et porté sur l’océan [qui submerge l’univers] à la fin de chaque Yuga, et dont l’obscurité était dissipée par les feux des joyaux placés sur les têtes [du serpent], qu’ornaient les ombrelles de ses crêtes.

24. Purucha effaçait la splendeur d’une montagne d’émeraude à la ceinture de chaux rouge et aux nombreux pics d’or, ayant pour guirlande des joyaux, des lacs, des végétaux, des parterres de fleurs, pour bras des bambous, et pour pieds des arbres.