Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/517

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et ornés de grandes émeraudes, des lampes de diamant étincelantes et entourées de pierreries ;

18. Après avoir renoncé au jardin de ce palais, qu’embellissaient une foule d’arbres divins couverts de fleurs, où gazouillaient des couples d’oiseaux, où bourdonnaient les abeilles enivrées,

19. Où les Dieux qui la suivaient quand elle y entra [conduite par son mari] avaient chanté ses louanges, et qui, grâce à l’art de Kardama, se réfléchissait dans un étang embaumé de lotus ;

20. Après avoir renoncé à ce séjour, qui était un objet de désirs pour les femmes même d’Âkhaṇḍala (Indra), Dêvahûti, souffrant du départ de son fils, laissa voir quelque émotion sur son visage.

21. Abandonnée de son mari qui s’était retiré dans la forêt, triste du départ de son fils, elle était, quoiqu’elle connût la vérité, semblable à une génisse qui a perdu son petit.

22. Mais en méditant sur cet Être divin, sur son fils Kapila, qui était Hari, elle ne fut pas longtemps, ô Vidura, sans parvenir, dans cette maison même, à une complète indifférence.

23. Méditant sur la forme de Bhagavat, que son fils, avec un visage bienveillant, lui avait indiquée comme l’objet de sa contemplation, et qu’elle embrassait par la pensée dans son ensemble et dans chacune de ses parties,

24. À l’aide du Yoga dont le terme est la dévotion, à l’aide d’un renoncement énergique, d’une science résultant des observances convenables et faite pour conduire vers Brahma ;

25. Méditant, enfin, avec un cœur pur, sur l’Esprit présent partout qui dissipe par sa propre majesté les formes diverses sous lesquelles l’individualisent les qualités de Mâyâ ;

26. Fixant sa pensée sur Brahma, qui est Bhagavat, l’asile des âmes ; affranchie de toute douleur, parce que l’individualité de son âme n’existait plus à ses yeux ; parvenue au comble de l’inaction ;

27. Ayant calmé en elle le trouble des qualités par une contemplation désormais inébranlable, elle s’oublia complètement elle-même, tout comme un homme éveillé oublie ce qu’il a vu en songe.

28. Son corps nourri par des soins étrangers, et qui n’était plus