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PRÉFACE.

rence, qu’à classer les parties déjà existantes. Quoi qu’il en soit, la tradition qui constate l’existence de quatre ou de six collections primitives de récits anciens, suffit à elle seule pour montrer quelles modifications cette partie de la littérature indienne a dû subir avant d’arriver à l’état de développement où nous la trouvons aujourd’hui.

La seconde des preuves dont je parlais plus haut, est le désaccord que présente la définition du titre de Purâṇa et la composition des ouvrages qui le portent. Ce désaccord, remarqué par plusieurs critiques, et notamment par MM. Vans Kennedy et Wilson, est la preuve la plus évidente du chemin qu’ont parcouru les chants épiques et cosmogoniques des Bardes guerriers pour s’amalgamer avec les légendes religieuses, morales et philosophiques des sectateurs de Vichṇu et de Çiva. « Un Purâṇa, a dit le plus moderne, mais non le moins orthodoxe des lexicographes indiens, Râdhâkânta Dêva, est un livre sacré composé par Vyâsa ou par d’autres solitaires, qui expose le sens des Vêdas et est marqué de cinq caractères[1]. » Ces cinq caractères ou attributs de tout Purâṇa sont résumés dans le distique suivant que rapportent plusieurs Purâṇas :

सर्गश्च प्रतिसर्गश्च वंशो मन्वन्तराणि च ।
वंशानुचरितं विप्र पुराणं पञ्चलक्षणं ॥

Création, destruction [des mondes], généalogie et règnes des Manus, histoire des familles postérieures, c’est là, ô Brahmane ! ce qui constitue un Purâṇa, livre qui est marqué de cinq caractères[2].

  1. Râdhâkânta Dêva, Çabdakalpadruma, au mot Purâṇa, p. 2192, col. 1 et 2.
  2. Vâyavîya Purâṇa, ms. beng. no ix, fol. 9 v. l. 7, et fol. 10 r. l. 1 ; Mâtsya Purâṇa, ms. beng. no xviii, fol. 69 v. ; Brahmavâivarta Purâṇa, cité par Râdhâkânta, au mot Purâṇa, p. 2193, col. 1. La même définition se trouve encore dans le Vâichṇava, fol. 147 r. l. 2 ; mais les termes en sont légèrement modifiés, quoique le sens soit