Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/103

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pas, ô Bhagavat, trois véhicules différents, à quoi bon employer dans le présent monde les dénominations distinctes de Çrâvakas, de Pratyêkabuddhas et de Bôdhisattvas ? Cela dit, Bhagavat parla ainsi au respectable Mahâkâçyapa : C’est, ô Kâçyapa, comme quand un potier fait des pots divers avec la même argile. De ces pots, les uns deviennent des vases à contenir la mélasse, d’autres des vases pour le beurre clarifié, d’autres des vases pour le lait et pour le caillé, d’autres des vases inférieurs et impurs. La variété n’appartient pas à l’argile ; c’est uniquement de la différence des matières qu’on y dépose que provient la diversité des vases. De même, il n’y a réellement qu’un seul véhicule, qui est le véhicule du Buddha ; il n’y a pas un second, il n’y a pas un troisième véhicule.

Cela dit, le respectable Mahâkâçyapa parla ainsi à Bhagavat : Si les êtres, ô Bhagavat, sortis de cette réunion des trois mondes ont des inclinations diverses, y a-t-il pour eux un seul Nirvâna, ou bien deux, ou bien trois ? Bhagavat dit : Le Nirvâna, ô Kâçyapa, résulte de la compréhension de l’égalité de toutes les lois ; il n’y en a qu’un seul, et non pas deux ni trois. C’est pourquoi, ô Kâçyapa, je te proposerai une parabole ; car les hommes pénétrants connaissent par la parabole le sens de ce qu’on leur dit.

C’est comme si, ô Kâçyapa, un homme aveugle de naissance disait : Il n’y a pas de formes dont les unes aient de belles et les autres de vilaines couleurs. Il n’y a pas de spectateurs pour des formes ayant de belles ou de vilaines couleurs. Il n’existe ni soleil ni lune ; il n’y a ni constellations ni étoiles ; il n’y a pas de spectateurs qui voient les étoiles ; et que d’autres hommes vinssent à dire devant cet aveugle de naissance : Il y a des formes dont les unes ont de belles, les autres de vilaines couleurs. Il y a des spectateurs pour des formes ayant de belles ou de vilaines couleurs. Il existe un soleil et une lune ; il y a des constellations, des étoiles ; il y a des spectateurs qui voient les étoiles ; et que l’aveugle ne voulût pas croire ces hommes, ni s’en rapporter à eux. Alors, qu’il y ait un médecin connaissant toutes les maladies ; qu’il voie cet homme aveugle de naissance, et que cette réflexion lui vienne à l’esprit : C’est de la conduite coupable de cet homme [dans une vie antérieure] qu’est née cette maladie. Les maladies, quelles qu’elles soient, qui paraissent en ce monde, sont au nombre de quatre : les maladies qui sont produites par le vent, celles qui le sont par la bile, celles qui le sont par le phlegme et celles qui le sont